Le 28 janvier 1944

Bombing of Cassino Monastery and town – Peter McIntyre – May 1944 – Archives New Zealand/Te Rua Mahara o te Käwanatanga – Wellington Office – AAAC 898 NCWA 13

Bombing of Cassino Monastery and town – Peter McIntyre – May 1944 – Archives New Zealand/Te Rua Mahara o te Käwanatanga – Wellington Office – AAAC 898 NCWA 13

La journée commence par un tir de minen très violent.

Les mitrailleurs allemands recommencent à tirer sur les Français à partir du Ravin Gandoet.

Gandoet donne l’ordre à Jordy de prendre l’éperon rocheux situé au col entre la cote 721 et la cote 681. Goiffon tente de s’y opposer compte tenu de l’état d’épuisement de la 11e compagnie. Gandoet refuse. Goiffon sera tué vers 8 heures au moment d’une attaque allemande sur la cote 721. Il est remplacé par le capitaine Jean. Ce dernier sera tué à son tour vers 11 heures 15.

L’artillerie française redouble d’efforts pour soutenir les positions occupées.

Le lieutenant-colonel Guillebaud prend le commandement du 4e R.T.T. en remplacement du colonel Roux.

La situation du 1er bataillon devient quant à elle de plus en plus critique.

Le commandant Bacqué écrit dans son journal de marche :

Les rafales d’obus tombent sans arrêt, encadrant la maison. L’un d’eux éclate sur une lucarne qui avait été obturée avec des pierres. La salle est brusquement pleine d’un nuage de poussière, les pierres et les éclats volent en tous sens. Un spectacle horrible, dans le coin occupé par le poste 284 du bataillon : un des deux radios, celui qui tournait la manivelle actionnant la dynamo, a eu la calotte crânienne arrachée, la cervelle est à nu. Il est toujours assis à la même place.

Vers 17 heures, Bacqué décide de lancer une contre-attaque à la baïonnette afin de dégager son P.C. L’opération sera un succès. Les tirailleurs descendent en courant le long des flancs de la cote 382 et feront 70 prisonniers. Ils appartiennent au 85e régiment allemand de montagne.

Un convoi de seize mulets était parti de San Elia : deux seulement parviendront sur les lieux.

Juin et Monsabert donneront l’ordre de la contre-attaque à l’issue des deux journées du 27 et 28. Le 1er bataillon devra enlever la cote 771, puis les cotes 915 et 875 qu’il avait initialement conquises. Le 7e R.T.A. donnera l’assaut sur la cote 700 (10e compagnie (Gauthier) et le bataillon Péponnet). Le lieutenant Spiroux accompagnera le lieutenant Gauthier avec les quelques survivants de la 9e compagnie (Denée). Le 3e bataillon devra reprendre son O2 : la cote 862, avec un détachement du 3e R.T.A. en renfort.

Les Allemands continuent les bombardements dans la nuit du 28 au 29. L’artillerie française permet de consolider les positions occupées par le 4e R.T.T. Les lieutenants de Villèle et Stéphani ne cessent d’envoyer coordonnées sur coordonnées aux artilleurs dont la précision est mathématique. Les artilleries font rage également dans la vallée (3e groupe du 6e R.A.A. et 2e groupe du 64e R.A.A.).

Les statistiques des tirs sont particulièrement éloquentes.

Ainsi, pour le groupe Mengus, le bilan des tirs réalisés est le suivant :

  • 27 janvier : 3.000 tirs
  • 28 janvier : 2.700 tirs
  • 29 janvier : 3.050 tirs
  • 30 janvier : 2.200 tirs
  • 31 janvier : 4.970 tirs
Extrait du « Bataillon du Belvédère » :

Les canonniers et pourvoyeurs sont parfois si épuisés par la rapidité de l’effort à fournir, qu’ils tombent littéralement de fatigue. A plusieurs reprises, les officiers les remplacent. En manches de chemises, ruisselants de sueur en plein hiver, les capitaines Briatte, Bard, Guérin, Luthereau, Rouleau, de la Roussière, Tainturier transportent eux-mêmes les obus, chargent, tirent. Écroulés à côté d’eux, leurs hommes dorment.

Au groupe de Chergé, il en est de même, les officiers sont aux pièces, obligeant les artilleurs, titubants de lassitude, à leur céder la place, à reprendre leur souffle.

Les projectiles ennemis cherchent les batteries, parfois les trouvent. Le maréchal des logis chef Mazi, les maîtres pointeurs Friquet, Jubilo sont tués. Avec eux, nombre de canonniers. Beaucoup de blessés restent à leur poste. Personne ne veut s’arrêter. […]

On se les représente couchés, le casque entre leurs bras croisés, pour se protéger des éclats, ou le doigt sur la détente, l’œil aux aguets, prêts à tirer au moindre indice, avec, devant eux, à quelques pas, la barrière de feu les protégeant de l’assaut massif, prêt à les submerger. Dix fois, vingt fois, on sait qu’on les a tirés d’affaires, les pauvres bougres de 862 ou de 721. Sans l’artillerie, c’en était fait d’eux ! Par l’intermédiaire de leurs officiers de liaison, ils l’ont reconnu, ils ont remercié, crié leur enthousiasme. Bravo, les artilleurs ! Alors, comment s’arrêter, comment songer à se reposer ? Tous ceux qui ont un rôle à jouer veulent être présents, s’activer, se dévouer.

L’artillerie prend le relai de l’infanterie dans la nuit du 28 au 29 afin de permettre la préparation de la contre-offensive française.