Le massif des Abruzzes

Massif des Abruzzes

La bataille du Belvédère a pour décor le massif des Abruzzes. Bien loin de l’image d’une Italie riante et ensoleillée, les Abruzzes sont, en cet hiver 1944, un massif montagneux boueux et glacial. Un automne pluvieux suivi d’un hiver sibérien ont créé un environnement particulièrement hostile tant pour les soldats alliés que pour les soldats allemands. Des cours d’eau sont sortis de leur lit et les régiments du train effectuent un travail titanesque afin de rendre les routes praticables pour le passage des blindés. Le temps est tellement pluvieux que le recours aux mulets est parfois préférable au meilleur des véhicules de l’armée américaine.

Qu’est-ce que le Belvédère ?

Belvedere

Qu’est ce que le Belvédère ? La question se pose car il semble qu’il y ait une ambigüité sur ce que désigne exactement le Belvédère : s’agit-il d’une montagne ? S’agit-il d’un ensemble de montagnes ou d’un plateau ?

Le commandant Gandoet décrit le Belvédère comme un :

plateau de 400 mètres d’altitude environ sur lequel sont posés des pitons rocheux souvent sans aucune végétation aux arêtes aiguës, d’une altitude de 681 mètres, 700 mètres, 771 mètres, 862 mètres, 875 mètres, 721 mètres, 752 mètres, 915 mètres. Entre ces pitons, une maigre terre arable est retenue par des murets en pierres sèches. Le Rapido, qui coule dans la plaine de San Elia, est son affluent, le Secco, qui descend de Belmonte, ont leur lit à des altitudes descendant jusqu’à 40 mètres .

Jacques Robichon le décrit comme une :

imposante surface en terrasse, roussâtre, presque marmoréenne.

Le général Chambe en fait la description suivante dans le « Bataillon du Belvédère » :

Le Belvédère est là, droit devant, de l’autre côté de la vallée, avec ses pentes rapides et nues, montant comme un glacis jusqu’à son arête sommitale enveloppée de mystère. On dirait une échine pelée de dromadaire, bossuée de plusieurs protubérances séparées les unes des autres par des intervalles inégaux. On les distingue parfaitement à la jumelle, se détachant en gris sur le fond brun-violet des montagnes qui les surplombent de toutes parts. Car, étonnant et dangereux paradoxe, le Belvédère, position dominante au cœur du dispositif ennemi, est lui-même étroitement dominé. Du Mont Cairo au Cifalco, une série de sommets enneigés, le Campanella, le Rotondo, le Piano, rangés en amphithéâtre, observent de haut en bas l’étroit plateau qui, moins élevé, commande cependant à lui seul le passage permettant de prendre à revers Cassino.

Les anciens combattants survivants évoquent en général le massif du Belvédère (et non le Colle Belvedere) et décrivent un « plateau montagneux » situé au nord-est de la ville de Cassino, soit à environ 8 kilomètres du Monte Cassino. Toutefois, cette désignation n’est peut être pas pertinente car sur certaines cartes italiennes, on voit marquer Colle Belvédère pour désigner la cote 761. La désignation des anciens combattants n’est donc peut être pas exacte sur le strict plan géographique et ce sont sans doute les circonstances de l’époque qui ont conduit à cette désignation générique peut être imprécise.

Une chose est acquise : la bataille du Belvédère, tout comme l’ensemble des batailles de Monte Cassino, s’est déroulée dans un relief entièrement montagneux et sur un front qui s’étend parfois sur plusieurs kilomètres. Pour les besoins du repérage dans cette multitude de montagnes de moyenne altitude, les militaires évoquent, à de nombreuses reprises, les « cotes » qui comportent chacune un numéro correspondant à leurs altitudes respectives (à ne pas confondre avec les « côtes » bien que les deux termes soient peu ou prou analogues). Cette identification par cotes numérotées dans le descriptif des combats peut déconcerter le lecteur, mais elle est toutefois incontournable pour la précision du récit.

La bataille du Belvédère n’est pas une guerre de tranchées ni une guerre frontale ; il s’agit d’une guerre de mouvements en dénivelé où celui qui tient les hauteurs domine au sens propre et figuré les assaillants provenant de l’aval. Chaque bataillon prend des pitons rocheux, subit des contre-attaques, recule (et donc redescend), puis, reprend le piton perdu. Le terrain est miné de toute part et les tirs d’artillerie sont extrêmement fréquents.

Les combats se terminent souvent par des corps à corps où l’on tue sauvagement l’autre à la baïonnette. Les combats sont donc sanglants au sens littéral du terme. En outre, l’intensité des bombardements sera telle que le paysage devient à proprement parler lunaire autour de Cassino. C’est la raison pour laquelle le colonel Böhmler dans son ouvrage « Monte Cassino » n’hésite pas à qualifier la bataille de Monte Cassino de « Verdun » de la deuxième guerre mondiale.

L’expression est peut être excessive notamment par comparaison avec Stalingrad mais illustre néanmoins avec force que les batailles de Monte Cassino figurent certainement parmi les combats les plus violents de la deuxième guerre mondiale.