Le capitaine Tixier

capitaine-tixierLe capitaine Paul Tixier est né le 16 décembre 1908 à Menton (Alpes-Mritimes). Il est âgé de 35 ans au moment de la bataille du Belvédère.

Il entre à Saint-Cyr en 1930, promotion Maréchal Joffre 1930-1932. Il intègre le 8e RTT en septembre 1932 à Souk-el-Arba près de la frontière algérienne. Il est nommé à Bizerte en 1937, d’où il partira plusieurs mois pour la ligne Mareth.

Il effectue la campagne de France avec le 8e R.T.T et participe aux opérations de l’Oise à la Dordogne en mai 1940, durant lesquels il sera blessé, puis cité et décoré de la Légion d’Honneur.

Il est affecté au 2e bataillon du 4e RTT en octobre 1940 au KEF, puis à Kairouan.

Il effectue la campagne de Tunisie en 1943 où il sera blessé une seconde fois durant les combats de Mansour.

Commandant de la 7e compagnie du 4e R.T.T., il conduit les combats pour la prise de la cote 700 durant laquelle en avant des tirailleurs, il suscite l’admiration auprès de tous ses soldats.

Le 31 janvier 1944, le capitaine Tixier a eu le haut du visage arraché par un éclat d’obus. La blessure est terrible, le capitaine Tixier se sait probablement aveugle. Il est pansé sommairement par ses hommes. Il n’a pas perdu connaissance et peut parfaitement parler. Son comportement après sa blessure constitue un témoignage de courage et de noblesse exceptionnel. 65 ans après les faits, les circonstances tragiques de sa disparition ne peuvent pas être oubliées et ne peuvent que demeurer un exemple pour les générations actuelles et futures.

Au poste de secours, Tixier attend d’être évacué avec les autres nombreux blessés. Les infirmières des AFAT épinglent une fiche d’évacuation sur le blouson des hommes. Nous sommes en pleine montagne et les moyens de transport sont difficiles. Les officiers et les blessés les plus graves sont évacués les premiers. Les infirmiers cherchent le capitaine Tixier qui semble avoir disparu. En fait, le capitaine Tixier a arraché ses galons d’officier pour ne pas être évacué en priorité et s’est mêlé aux hommes de troupe.

Questionné par un infirmier qui pense l’avoir trouvé, il répond qu’il s’appelle Mohammed Ben Salah (le nom de son ordonnance).

Ce n’est qu’à l’hopital de Naples qu’il sera reconnu, il répond calmement :

je veux être traité comme un tirailleur.

Le capitaine Tixier sera ensuite transporté à Naples. Son agonie durera vingt jours après de terribles souffrances sans aucune plainte. Il aura la force de dicter les citations de ses hommes.

Lorsqu’il s’éteint, le médecin-chef dira, bouleversé :

c’était un seigneur, un chevalier.

Le capitaine Tixier est marié et a trois enfants. Sa femme, comme beaucoup d’épouses d’officiers à l’époque, est à Tunis. Il a dicté à l’infirmière une lettre pour sa femme et son fils qui constituera son testament spirituel.

Extrait du « Bataillon du Belvédère » :

Tixier a recommandé à sa femme surtout son fils. Elle devra l’élever chrétiennement, l’orienter vers les idées grandes, belles et généreuses. Elle devra le garder contre la contagion du siècle, la soif de la jouissance, l’appétit de l’argent, lui inspirer le mépris de la fortune, lui faire aimer la pauvreté qui, seule, l’affranchira de tous ces besoins qui diminuent l’âme des autres, lui assurera sa liberté d’esprit et lui permettra de connaître la seule passion qui mérite qu’on vive pour elle : se mettre au service d’un idéal, celui de la liberté, par exemple, de l’honneur, de l’indépendance de sa patrie. […]

En vérité, c’est bien un seigneur, un chevalier, que par cette matinée de février on a conduit au cimetière de Naples, et qui montera là-bas la garde, avec sa croix aux bras ouverts, en témoignage de la grandeur française.

Le capitaine Tixier est nommé officier de la Légion d’Honneur à titre posthume.