L’adjudant Lagrange

Adjudant LagrangeL’adjudant Lagrange était le moniteur-chef de l’Ecole des Cadres de Salambo dirigée par le commandant Gandoet.

Dès son arrivée au 3e bataillon du 4e Tirailleurs, après la campagne de Tunisie, le commandant Gandoet lui confia l’entraînement physique des unités.

Chaque matin il dirigeait la séance d’éducation physique pour les officiers. Pendant les campagnes de Tunisie il fut le garde du corps du commandant qui était chargé par le commandement, d’assurer des liaisons très importantes tout d’abord auprès des autorités allemandes, avant l’ouverture des hostilités, puis après, auprès des différents états majors français et alliés. Ils vécurent ainsi des mois côte à côte et cette situation confirma un sentiment commun de respect et de confiance.

Avant le départ du bataillon pour le débarquement en Italie, l’adjudant Lagrange était affecté au service auto, adjoint au capitaine commandant ce service.

Après le débarquement à Naples et au moment où les unités rejoignaient les emplacements en vue des proches combats, le service auto avec dépôt de vivres et de carburant s’installa dans la cuvette d’Acquafondata.

Dès l’installation terminée, l’adjudant Lagrange demanda à rejoindre ses collègues au combat et il se présenta au P.C. du commandant Gandoet, provisoirement installé sur les pentes à proximité d’Olivella.

Le commandant lui répondit :

Lagrange, tu restes avec moi, j’ai besoin de toi !

Il lui demanda dans l’immédiat et en priorité d’assurer le fonctionnement des communications principalement radio, puis l’organisation du P.C. et sa sécurité.

L’adjudant Lagrange a été présent aux côtés du commandant, souvent derrière le même petit rocher pour se protéger des obus de toutes catégories, que les Allemands qui tenaient tous les sommets, envoyaient nuits et jours pendant toute la période des combats du Belvédère.

Le commandant se déplaçait partout pour voir, rassurer, encourager ses commandants d’unités, les cadres et surtout directement les tirailleurs tout en maintenant les liaisons radio, notamment avec l’artillerie. L’adjudant Lagrange, doté d’une grande résistance physique du fait de son grand entraînement sportif, admirait beaucoup le commandant pour sa façon de remplir ses fonctions dans ces conditions très exceptionnelles.

Celui-ci lui confia de nombreuses liaisons avec des unités ainsi que les allers et retours auprès des tirailleurs pour chercher des munitions au P.C. du 2e bataillon implanté quelque part sur le massif. Les munitions furent ainsi distribuées aux compagnies en difficultés dès son retour.

Tout ce qui s’est passé au cours de cette période est déjà décrit dans de nombreux livres mais ce qui ne s’écrit pas, ce sont les liens humains qui existent dans ces moments-là, extrêmement forts, qui se confortent dans ces circonstances très particulières au cœur d’une bataille telle que celle du Belvédère. Le respect des règles de la vie est sacré et l’adjudant Lagrange fut, à la fin de cette période, à nouveau mis à l’épreuve au moment de la relève du bataillon.

Son témoignage sur la journée du 4 février 1944 est relaté sur ce site sous la rubrique « La Relève du Belvédère, le 4 février 1944« .

Après cet épisode mouvementé, le bataillon, sous les ordres du commandant Jarrot, se reconstitua et se prépara à la poursuite des opérations.

Le commandant confia les mêmes missions à l’adjudant Lagrange qui a été nommé adjudant-chef au 25 février. Dans l’action des mouvements des unités après la prise de Castelforte, en direction de Rome, les liaisons étaient très difficiles à maintenir et c’était le contact direct avec les éléments de l’avant qui était le plus efficace. Il fallait aussi assurer la sécurité du P.C. souvent en déplacement. Les passages les plus faciles étaient piégés et minés.

Le caporal Brocero, de son équipe du Belvédère, fut tué par une mine. Après Castelforte, le commandant Jarrot, fut blessé et évacué puis remplacé par le capitaine Camus.

Rien ne changea pour l’adjudant Lagrange. Le capitaine Camus le garda auprès de lui pour les mêmes missions. Il était à ses côtés quand le capitaine Camus fut tué par un éclat d’obus.

Avec le commandant Tochon qui le remplaça, la mission de l’adjudant-chef Lagrange fut la même jusqu’à la fin des combats à proximité de la ville de Sienne.

A Sienne, l’adjudant-chef Lagrange reçut la bonne nouvelle de sa nomination au grade de sous-lieutenant.

Le régiment fut transporté et s’implanta à proximité de Naples en prévision du débarquement sur les côtes françaises.