Du 29 janvier au 3 février 1944

Illustration tir soldat

Le 29 janvier – Contre-attaque française

 

 

 

 

 

 

 

L’ordre du général Juin est clair :

La conservation de la tête de pont du Belvédère est capitale. Se maintenir à tout prix sur les positions conquises. Reprendre les cotes 700, 862 et 915.

Monsabert relaie le message aux commandants de bataillon, de compagnie et de section.

Se défendre partout en attaquant. Répondre à l’attaque par l’attaque.

Onze mulets gagnent enfin la cote 382 tenue par Bacqué à l’aube du 29 janvier.

Le 4e R.T.T. reçoit des renforts : un détachement du 3e R.T.A. du colonel de Linares aux ordres de l’aspirant Hamonet. Parti avec 50 hommes, ils arrivent à 13 mais avec 30 prisonniers dont un capitaine. Un second détachement du 3e R.T.A. arrive plus tard sur les lieux.

Le premier bataillon devra reprendre la cote 771, la cote 915 et la cote 875. Le bataillon Peponnet du 7e R.T.A. est quant à lui en plein assaut sur la cote 700.

La 7e compagnie et la 3e compagnie attaquent la cote 771. Elles essuient de lourdes pertes. Les combats vont faire rage toute la journée. Monsabert envoie à nouveau des renforts pour soutenir l’action du 1er bataillon : la 11e compagnie du 7e R.T.A. Le 142e régiment d’infanterie américain poursuivi par Clark n’est toujours pas parvenu à renforcer les Français. Il se bat au même moment devant Cassino.

Monsabert ordonne à Bacqué de reprendre l’offensive bien que les hommes soient épuisés. Bacqué, par égard pour ses hommes, demande du temps pour préparer la contre-attaque. Monsabert refuse et confirmera l’ordre oral par une instruction écrite auprès de Bacqué.

Du côté du 3e bataillon, il y a quatre mitrailleuses allemandes de la cote 681 à la cote 862.

Gandoet enverra donc une nouvelle fois la 11e compagnie à la conquête de la cote 862, d’autant que Jordy est furieux d’avoir dû se replier.

C’est le sergent-chef Le Greves qui est chargé d’enlever les quatre casemates avec douze volontaires. Il est aidé par une force de la nature doublé d’un tireur remarquable : l’adjudant-chef Reichenbach. Le lieutenant Gauthier devra s’emparer du col entre la cote 681 et la cote 862.

A 10 heures, les objectifs sont presque atteints. Les pentes sud-est de la cote 862 sont françaises. L’artillerie pilonne les pentes ouest de la cote 862 pour empêcher les Allemands de contre-attaquer. Les sections Gauthier et Couchin sont lancées suivies de la section Huguenin.

Le capitaine Aygadoux est tué à la mi-journée lors d’un combat au corps à corps. Jordy est le seul commandant de compagnie intact. Il organise l’occupation de la cote 862 pour la seconde fois.

Les contre-attaques allemandes vont se multiplier dans la journée. Le capitaine Gauthier du 3e R.T.A. est tué.

En fin de journée du 29, Gandoet appelle auprès de lui Jordy comme adjoint-major destiné à pallier sa propre disparition.

Il semble que Jordy ait protesté de cette décision qui le séparait de ses hommes. Son adjoint, le sous-lieutenant Gauzan le remplace à la tête de la 11e compagnie. Il occupe le point d’appui situé sur les pentes sud de la cote 862.

Un convoi de 26 mulets conduit par l’adjudant Dick parvient au pied de la cote 721 avec vivres et munitions à 19 heures. Le 3e bataillon est renforcé par une compagnie du 3e R.T.A. (compagnie du capitaine Le Dorée) et 70 hommes sous les ordres du lieutenant Spiroux.

Les Français consolident peu à peu leur position sur les pentes de la cote 862. La cote 771 est reprise dans la soirée, mais les Allemands contre-attaquent presque immédiatement. Les combats sont à nouveau effectués à la baïonnette. Les Allemands ont des troupes fraîches dont le 95e G.R.D.

Bacqué se replie. Il ramasse lui-même les obus de mortiers pour les rapporter au bataillon.

Le 30 janvier 1944

La compagnie du capitaine Le Dorée s’installe sur les pentes sud de la cote 862. Le lieutenant Le Dorée sera tué le jour même.

La 9e compagnie relève ce qui reste de la 11e et attaque la cote 862. Un nouveau convoi en vivre et munitions arrive.

Le 1er bataillon et le 7e R.T.A. repartent à l’attaque de la cote 700, de la cote 771 et du Casale Abate. Le capitaine Carré est tué d’une rafale à bout portant ainsi que son officier adjoint, le lieutenant Bartoli.

Le 31 janvier 1944

Le 3e bataillon (Luciani) du 3e R.T.A. rejoint le 3e bataillon du 4e R.T.T. en renfort.

Le commandant de la 7e compagnie, le capitaine Tixier, est grièvement blessé. Le bruit a couru au sein du régiment que la blessure dont il est victime est terrible. Les circonstances tragiques de la mort du capitaine Tixier sont relatées dans la rubrique « Portrait des principales figures du Belvédère » de ce site.

Le 7e R.T.A. attaque la cote 915. Le lieutenant Spiroux prend le commandement de la cote 862 et reçoit l’ordre de tenir coûte que coûte. Il charge plusieurs fois à la baïonnette.

Les Français consolident peu à peu leurs positions.

Le 1er février 1944

Expanding the beachhead

Les Français lancent à l’aube l’assaut, l’éperon ouest de la cote 862, la cote 771 et la cote 700 sont repris.

Le Belvédère et le Casale Abate sont à nouveau aux mains du 4e R.T.T. avec l’aide du 3e R.T.A. et du 7e R.T.A. La section Semichi arrive en renfort sur la cote 862.

Le 3e R.T.A. découvre au sommet de la cote 915 des tirailleurs du second bataillon encore vivants. Blessés, parfois très grièvement, ils n’ont pas bu ni mangé depuis quatre jours.

Le 2 et 3 février 1944

Les 2 et 3 février sont des journées de consolidation de la position française.

Certes, les combats continuent et les Allemands tentent plusieurs contre-attaques, notamment une le 2 février à 16 heures sur la cote 862 sans succès, puis, une autre le 3 février sur la cote 915 sans succès également. Les Allemands renoncent peu à peu à reprendre les positions occupées par les Français.

Le 3 février, le colonel Guillebaud donne l’ordre la relève du 4e R.T.T. par le 3e R.T.A. et le 7e R.T.A. pour exécution le 4 février 1944.

Tous les objectifs sont conquis.

Bilan des combats

Le bilan des combats est extrêmement lourd pour le 4e R.T.T. Les combats pour la prise des pitons du Belvédère ont été acharnés :

  • la cote 700 a été prise quatre fois,
  • la cote 771 trois fois,
  • la cote 915 a été prise deux fois et contre-attaquée quatre fois sans succès pour les Allemands,
  • la cote 862 a été prise deux fois et contre-attaquée douze fois sans succès par les Allemands.
Sur les 44 bataillons allemands qui se sont battus contre la Ve armée et le C.E.F., 17 bataillons se sont opposés au seul front français. L’armée française fera 1.200 prisonniers allemands.

Les statistiques des tués, disparus et blessés figurent à la rubrique « Le 4e R.T.T. » de ce site.